L'écriture inclusive ne plaît pas à tout le monde, et elle compte son lot de détracteurs et de détractrices. Quels sont leurs arguments et leurs motivations face à cette pratique ?
Dans cet article, nous allons voir pourquoi certaines personnes s'opposent au langage épicène et les principaux arguments avancés :
« Parce que c'est illisible et que ça n'a pas de sens à l'oral »
Le premier argument avancé est le manque de lisibilité et de sens du texte :
« La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. […] On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. » Académie Française
Cette opposition se concentre principalement sur l'utilisation du point médian.
Or, l'écriture inclusive ne se résume pas à ce point, qui ne représente qu'une abréviation. Ainsi, de la même manière que « Mr » se prononce Monsieur et « Mme », « Madame », « les candidat·e·s » se lit et se prononce : « les candidates et les candidats ».
De plus, des recherches sur le sujet ont montré qu'après plusieurs mois d'usage, notre œil s'habitue à la lecture, et nous prenons rapidement des automatismes lors de la rédaction épicène.
L'argument de l'illisibilité reste cependant valable pour les personnes dyslexiques ou aveugles. Mais heureusement, il est possible d'écrire en écriture inclusive sans utiliser le point médian. Ce sujet fera l'objet d'un article dédié pour comprendre l'ensemble des enjeux derrière cette problématique.
« Parce que c'est moche »
Dans le même état d'esprit que l'argument de l'illisibilité, l'argument esthétique avance tout simplement que les termes comme « la cheffe », « les chef·fe·s », « la pompière », « l'artisane », « les artisan·e·s » ne sont pas beaux.
Or, là aussi, il s'agit d'une question d'habitude avant tout.
Le « · » deviendra un signe parmi les autres, comme les « : » ou le « ; ». Et, encore une fois, il est tout à fait possible d'écrire en écriture inclusive en utilisant uniquement la rédaction épicène et la double flexion.
On pourrait alors se poser la question s'il s'agit du « · » ou des noms de métiers au féminin qui dérangent réellement les détracteurs et détractrices, ou ce que cela symbolise.
« Parce que ça n'est pas la langue qui est discriminatoire mais ses locuteurs et locutrices »
Cet argument défend le fait que l'écriture inclusive ne serait qu'une question accessoire et que le masculin est le marqueur du neutre.
Or, la règle du « masculin qui l'emporte sur le féminin » existe depuis le 17ème siècle, sous prétexte de genre plus noble. Le masculin n'était alors pas le marqueur du neutre mais le marqueur du noble.
Le langage traduit la façon dont la société pense le monde, le langage est politique, et une langue qui invisibilise les femmes ancre dans les esprits que les femmes jouent un rôle secondaire dans la société et qu'elles sont admises de manière exceptionnelle. Il en est de même pour les personnes non-binaires qui ne se retrouvent ni dans le genre masculin ni dans le genre féminin.
De plus, l'écriture inclusive influe sur nos représentations et donc sur les inégalités, comme le démontre l'étude réalisée par Harris Interactive en 2017 : l'écriture inclusive et la rédaction épicène donnent jusqu’à deux fois plus de place aux femmes dans les représentations sociétales spontanées.
Lorsque l'on nomme les choses et que l'on pose des mots, on leur donne une place. Aussi, les organisations qui adoptent le langage inclusif témoignent que la place des minorités sexuelles et de genre y sont alors mieux pensées.
Le pourcentage de personnes ayant cité au moins une femme passe de 41% à 51% avec l'utilisation d'une question non genrée. (étude Harris Interactive)
Il existe encore de nombreux arguments contre l'écriture inclusive. Pourtant, avant la règle du « masculin qui l'emporte sur le féminin » du 17ème siècle, l'accord de proximité était pratiqué, et les noms féminins comme « autrice », « peintresse », « médecine » était employés.
Pour une fois, et au grand dam des détracteurs et détractrices, un retour en arrière serait appréciable.
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''le masculin est utilisé afin d'alléger le texte'' un petit disclaimer bien simple qui prouve que l'écriture inclusive c'est lourd. et ceux qui écrivent ainsi, aussi. #Novlangue #1984
vous cassez les couilles à tout le monde jusqu'à la fin de ma vie j'écrirai de manière non inclusive comme quasiment tout le monde (sauf vous soit 0.1% des français)
alors arrêtez votre combat puéril et inutile et passez à un autre délire et arrêtez d'emmerder le monde !
Personnellement, je trouve assez souvent l'écriture inclusive exagérée, voire exclusive. Prenons par exemple "Les joueuses et les joueurs ont fait une belle partie.". La première réflexion qui me vient à propos de cette phrase est : "Est-ce que le genre ou sexe des personnes ayant fait une belle partie a une importance ? Probablement que oui, sinon pourquoi ne pas employer un mot épicène comme "personnes" ou "individus" ?". Ensuite, il y a même exclusion, car toutes les personnes ne voulant pas être identifiées par leur genre ou sexe le sont. Dans cette phrase il y a des hommes et des femmes, rien d'autre. Enfin, l'article ne m'a pas convaincu : les femmes nobles existaient (existent encore d'ailleurs), les sondages…
La langue change et est en perpétuelle évolution, elle se fait en douceur. "Autrice", "Pompière", ce sont des mots que parfois j'entends et il ne me semble pas que les gens soient réfractaires à l'idée de les ré-entendre. Le fond est louable de vouloir l'égalité des genres mais il y a t-il vraiment besoin de cette méthode ? Je pense qu'il y a besoin de tolérance dans tous les débats et aussi un peu de temps. S'acharner à vouloir imposer ce mode d'écriture n'est vraiment pas pour moi la solution.
A la lecture de cet article j'ai du mal à voir cette inclusivité poussive comme une solution "sereine" et "apaisée".
Très bel article. Bravo !